réunionisme

notice mise à jour en 2020

Mouvement politique prônant la réunion de la Wallonie à la France.

Ancienne appellation : parti français

Autre appellation : rattachisme, irrédentisme, réunionistes

De son apparition dans le dernier quart du 19e siècle aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, le Mouvement wallon est fortement francophile. Notamment, nombre de militants wallons estiment qu'il convient que la Wallonie soit détachée de la Belgique pour être intégrée à la France. Ils mettent en avant divers arguments, dont la communauté de langue, de culture, de mentalités et de mœurs que partagent Wallons et Français, d'une part, et les avantage économiques et militaires dont bénéficierait une Wallonie française, d'autre part. Ils insistent également sur le fait que, au cours de l'histoire, le pays wallon a souvent été français en tout ou en partie (en particulier, il est fait référence aux années 1795-1814, époque de la République française et de l'Empire napoléonien).

Durant plusieurs décennies, les avancées du Mouvement flamand (notamment sur le plan linguistique) et la conviction que la Wallonie est de plus en plus négligée et défavorisée par un État belge dominé par le Nord du pays (entre autres, en matière d'économie, d'infrastructures et de défense) renforcent le courant réunioniste au sein du Mouvement wallon. Cette tendance politique s'exprime par le moyen de multiples associations, essayistes, ouvrages, revues, congrès, rassemblements (en particulier aux monuments commémoratifs du Coq français à Jemappes et de l'Aigle blessé à Waterloo), etc. Lors du Congrès national wallon des 20 et 21 octobre 1945, les militants wallons votent en faveur de la réunion de la Wallonie à la France par 486 voix sur 1 048 (vote qui est alors qualifié de « sentimental », puis est immédiatement suivi d'un vote « de raison » par lequel les représentants du Mouvement wallon se prononcent pour la transformation de la Belgique en un État fédéral).

Lorsque le Mouvement wallon s'engage sur la voie du fédéralisme, nombre de militants wallons ne voient dans le maintien de la Wallonie dans le cadre belge qu'une situation provisoire : à leurs yeux, la reconnaissance et l'autonomie de la Wallonie doivent permettre à leur région, dans un premier temps, d'opérer son redressement et de nouer des liens privilégiés avec la France puis, dans un second temps et grâce à cela, d'accéder à l'indépendance avant de rejoindre la République française. Toutefois, le processus de fédéralisation progressive de l'État belge conduit peu à peu à une minorisation du « parti français » au sein du Mouvement wallon.

Pour autant, le courant réunioniste n'a jamais disparu totalement. Il connaît même régulièrement des résurgences au fil des conflits communautaires, qui constituent pour lui autant de preuves de l'échec du fédéralisme belge. Ses partisans considèrent que la Flandre marche inéluctablement vers l'indépendance et, partant, que la Belgique est vouée à la disparition par scission. Estimant qu'un État wallon indépendant ne serait pas viable (même adjoint de la Région bruxelloise sous la forme, selon leurs termes, d'une « Belgique croupion »), ils voient dans la réunion à la France la seule option d'avenir réaliste et souhaitable pour la Wallonie. Ils appellent également cette réunion de leur vœux pour des raisons linguistiques et culturelles, voire sentimentales.

Lors de certains scrutins, le courant réunioniste est porté par un ou plusieurs partis politiques, parfois concurrents. Le principal d'entre eux est le Rassemblement Wallonie-France (RWF), créé en 1999 et qui est l'un des héritiers du Rassemblement wallon (RW). Ces partis n'obtiennent cependant que des scores électoraux très faibles (ainsi, le meilleur résultat du RWF dans les cantons wallons a été d'à peine 1,7 % lors des élections fédérales du 13 juin 2010).

Selon les personnes et les époques, le statut qui serait celui d'une Wallonie devenue française est variable : intégration comme région française classique ou association avec des dispositions spéciales (comme l'Alsace-Lorraine). Certains plans comprennent également la Région bruxelloise et les communes périphériques à forte présence francophone qui l'entourent (à commencer par celles dites à facilités) ou, à l'inverse, excluent la région de langue allemande.

Le plus souvent, les partisans d'un « retour de la Wallonie » à la France sont appelés rattachistes ; toutefois, ils rejettent cette appellation pour des raisons idéologiques (ils souhaitent insister sur le fait que la Wallonie a été indument détachée de la France en raison des vicissitudes de l'histoire) et parce qu'ils l'estiment péjorative.

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