État de droit

notice mise à jour en 2025

Système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit. Son principe essentiel est celui du respect des normes juridiques non seulement par les particuliers, mais aussi par les autorités publiques (on parle de « primauté du droit »).

Même si les racines de la notion sont plus anciennes et remontent notamment à la contestation de l'absolutisme d'Ancien régime, l'appellation « État de droit » a pris son essor en Allemagne, au 19e siècle. Le Rechtsstaat se différencie alors de l'État de police (Polizeistaat) dans lequel les décisions des autorités publiques ne sont pas limitées par le droit, mais relèvent du pouvoir discrétionnaire et même de l'arbitraire de l'administration. La notion d'État de droit se développe ensuite dans la doctrine juridique française, notamment. Dans la tradition anglo-saxonne de common law, son équivalent fonctionnel est la rule of law qui implique l'idée d'une subordination des actes des autorités étatiques au droit, et ce éventuellement au terme d'un judicial review, à savoir un contrôle juridictionnel.

Le cœur de la notion se situe du côté de la soumission de l'État au droit, l'État de droit renvoyant à une forme d'organisation politique où le pouvoir s'exerce conformément à des règles préétablies et où les citoyens disposent de droits qu'ils peuvent faire valoir à l'égard des autorités publiques. Un État de droit implique dès lors l'existence, d'une part, d'une hiérarchie des normes, en vertu de laquelle chaque règle tire sa validité de sa conformité aux règles qui lui sont supérieures, et, d'autre part, d'organes juridictionnels indépendants et impartiaux chargés de contrôler cette conformité. L'État de droit est également solidaire d'autres notions, comme le principe de séparation des pouvoirs, qui permet à un contrôle mutuel entre pouvoirs de s'exercer, ou encore celui d'égalité de tous devant les règles de droit.

Cette définition formelle de l'État de droit, si elle est la première à s'être imposée, a été enrichie par une conception complémentaire qualifiée de substantielle, qui insiste sur le contenu et l'étendue des droits et libertés fondamentaux qui doivent être garantis pour qu'un régime puisse être qualifié d'État de droit. Cette évolution peut être mise en lien avec la montée en puissance, en particulier après la Seconde Guerre mondiale, des droits humains et de leur encadrement au niveau national, supranational et international. Une telle conception met l'accent non seulement sur l'existence de procédures organisant un contrôle des actes posés par les organes étatiques, mais aussi sur le contenu même des droits protégés par ces règles procédurales, un socle minimal de droits humains devant être consacré au profit des citoyens.

Au cours du 20e siècle, l'État de droit s'est en outre mué en une valeur et même en un standard dont l'usage s'est internationalisé. L'État de droit représente par exemple une valeur fondamentale de l'Union européenne (UE), et il constitue l'un des critères essentiels sur la base desquels s'opère le contrôle exercé sur les États membres ou sur les États candidats à une adhésion. On peut aussi souligner le rôle essentiel que joue ce principe dans le système politique et juridictionnel du Conseil de l'Europe, la Cour européenne des droits de l'homme s'étant notamment employée à élaborer une jurisprudence qui participe à une meilleure protection des droits humains au sein des États qui sont membres de cette organisation supranationale.

On observe actuellement à travers le monde la montée en puissance de régimes qui demeurent formellement des démocraties, mais dans lesquels le principe de l'État de droit est défié et où la légitimité des droits humains en tant que limitation au pouvoir est contestée. Dans ces régimes, la préséance est donnée au principe de souveraineté populaire et l'idée de démocratie est entendue dans un sens assez formel et restrictif, se résumant pour l'essentiel à la tenue d'élections à intervalle régulier. Toutefois, de telles démocraties, parfois qualifiées d'illibérales, n'ont pas le monopole des violations de l'État de droit. Dans les États où les règles et valeurs de la démocratie libérale demeurent globalement d'application, certaines contestations ou violations de ce principe peuvent également être observées.

L'expression État de droit s'orthographie avec une majuscule puisque le terme État s'écrit avec une capitale quand il vise l'entité politique.

Fragments sonores (RadioPanik)

« État de droit »

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