Cession à des investisseurs privés, en totalité ou en partie, d'entreprises ou de biens qui appartiennent aux pouvoirs publics, ou de services offerts par ceux-ci.
Au cours du temps, nombre d'activités économiques ont été investies, en tout ou en partie, par les pouvoirs publics. Il peut s'agir d'activités de service public peu à peu mises en place depuis au moins le 19e siècle (distribution d'eau potable, de gaz, d'électricité, réseaux d'égouttage, ramassage des déchets, transports, postes, télécommunications), de la mise en place et de la gestion de grands équipements (hôpitaux, écoles) ou même d'interventions dans le secteur financier avec la création des banques nationales ou de caisses d'épargne. Les pouvoirs publics s'engagent dans ces activités en raison de leur caractère vital pour la collectivité ou de leur intérêt stratégique pour les politiques qu'ils mènent. En position de force quand il s'agit de mobiliser des capitaux importants, ils interviennent aussi pour suppléer le secteur privé, moins intéressé par des secteurs économiques à faible profit voire structurellement déficitaires, ou à l'inverse pour éviter l'instauration de monopoles privés. Depuis l'entre-deux-guerres, des sauvetages d'entreprises en contexte de crise, comme par exemple des charbonnages après 1960, des entreprises sidérurgiques après 1975 ou des banques et assurances après 2008, ont aussi entraîné des nationalisations. Ainsi, on parle de privatisation quand des entreprises ou des organismes cessent d'être détenus entièrement par des pouvoirs publics, et de dénationalisation quand ils avaient été préalablement nationalisés.
Plusieurs raisons peuvent conduire à privatiser. Une approche idéologique, qui consiste à croire qu'il n'y a pas de compatibilité entre l'efficacité économique et l'existence d'un secteur public productif, s'impose peu à peu depuis les années 1980 dans le monde, sous l'influence de nouveaux courants de la pensée économique ancrés dans le libéralisme. On attend alors des privatisations des effets bénéfiques en matière de croissance économique, d'activation des marchés de capitaux et de mobilisation de l'épargne. Ces arguments idéologiques servent aussi souvent de paravent à des objectifs plus concrets comme la réduction des subventions aux entreprises déficitaires, l'apport de ressources financières pour le Trésor public, et, plus généralement, la réduction des déficits publics. Ces opérations se font parfois en faisant appel à des investisseurs étrangers.
Dans les faits, deux types d'opérations distinctes peuvent être qualifiés de privatisation : soit la vente, en tout ou en partie, d'une entreprise ou de bâtiments appartenant aux pouvoirs publics à des intérêts privés, identifiés ou non (ce qui est largement le cas dans le cadre d'une introduction en bourse) ; soit la sous-traitance, confiée par contrat au secteur privé, d'activités jusque là assurées par les pouvoirs publics. Ces opérations de sous-traitance connaissent actuellement un certain essor, notamment dans des secteurs comme l'audit et la consultance ou le gardiennage. Dans un passé récent, des pratiques de privatisation ont également été appliquées dans des domaines échappant jusque-là à la sphère économique, comme les administrations publiques ou l'enseignement. Dans tous les cas de figure, les pouvoirs publics établissent et régulent les obligations en matière de services publics auxquels les entités privatisées doivent satisfaire. Il s'agit notamment, en mobilisant la notion de service universel, de maintenir l'accessibilité et la qualité des services pour tous les utilisateurs. Au besoin, des activités structurellement déficitaires peuvent être subsidiées. Le constat de la faiblesse des engagements demandés, puis, à l'usage, des contrôles insuffisants attirent des critiques au sujet de nombreux cas de privatisation.
Le contexte belge est largement encadré par le niveau européen, où une politique de libéralisation, destinée à favoriser la concurrence et à démanteler des monopoles, y compris des monopoles nationaux, s'est imposée au tournant des années 1980-1990. Une vague de privatisations touche plusieurs grandes entreprises publiques belges en 1995-1998, avec notamment la RTT devenue Belgacom puis Proximus, la SABENA, la Société nationale de crédit à l'industrie (SNCI), le Crédit Communal devenu Dexia et la Caisse générale d'épargne et de retraite (CGER). Des opérations ponctuelles ont eu lieu depuis, comme la privatisation partielle de la Brussels International Airport Company (BIAC) devenue Brussels airport company (2004) et de la Poste devenue bpost (2005), tandis qu'une série de bâtiments ont eux été vendus en sale and lease back. Récemment, le gouvernement fédéral a confié certains services à des sociétés privées, notamment dans le domaine des forces armées (gardiennage et entretien des bases militaires et de certains véhicules) ou des prisons (construction et gestion des nouveaux établissements en partenariat public-privé). Par ailleurs, l'informatisation de services administratifs, à tous les niveaux de pouvoir, a également pu être confiée à des sociétés privées.