populisme

notice mise à jour en 2024

Le populisme est un style politique qui se greffe à un large éventail d'idéologies et qui repose sur le rejet des élites, la défense du peuple, présenté comme homogène, ainsi que l'exaltation de la volonté de celui-ci comme unique source de légitimité en démocratie.

Bien que le populisme connaisse un regain d'intérêt scientifique depuis les années 2000, il n'est pas un phénomène nouveau. Pas plus qu'il n'est circonscrit géographiquement ou politiquement.

Ce terme apparaît dans la seconde moitié du 19e siècle en Russie avec les Narodniki puis aux États-Unis avec le People's Party, qui entendent tous deux défendre les paysans et artisans face au capitalisme et à la mondialisation en pleine expansion. Dès la première moitié du 20e siècle, des leaders populistes accèdent au pouvoir en Amérique latine, comme au Brésil et en Argentine. Ceux-ci entendent surtout défendre les droits des travailleurs et des classes moyennes. En Europe, le terme est particulièrement mobilisé par des formations d'extrême droite dans les années 1930 – comme le parti Rex, en Belgique.

Cette variété empêche de considérer le populisme comme une idéologie et le fait davantage apparaître comme un style politique, marqué par des formes distinctives de discours. Aujourd'hui, nombreux sont les leaders ou partis mobilisant un style populiste qui accèdent au pouvoir, et ce quel que soit leur profil idéologique.

Indépendamment de l'idéologie à laquelle il se greffe, le populisme s'adosse à une conception du peuple qu'il tend à valoriser et même à glorifier, tout en l'abordant comme un ensemble homogène : le peuple est bon, bien intentionné et juste. Le leader populiste ne prétend pas seulement défendre ce peuple, mais aussi le représenter, dans une relation directe avec lui, sans intermédiaires tels que des associations, des syndicats, etc. À l'inverse, les élites qui sont dénoncées et qui sont réputées agir contre les intérêts du peuple revêtent de multiples visages (elles sont politiques, économiques, financières, culturelles, judiciaires, médiatiques ou encore académiques) et ont en commun d'être mauvaises, mal intentionnées et injustes. En conséquence, afin de renforcer la démocratie, les mouvements ou partis populistes entendent rendre au peuple le pouvoir qui serait confisqué par ces élites, dénoncent les diverses institutions, notamment de nature juridictionnelle, susceptibles d'imposer des limites à l'expression de la volonté populaire et prônent le recours à des modalités de démocratie directe, comme le référendum.

Si certains reconnaissent que le populisme peut accroître le potentiel démocratique d'un État, par exemple en faisant participer davantage certains pans de la population jusqu'alors écartés de l'exercice du pouvoir ou privés de toute représentativité, nombreux sont ceux qui estiment que le populisme est une menace pour la démocratie. Ainsi, le populisme est réputé entraver l'équilibre des pouvoirs et mettre à mal les droits et mécanismes de protection des minorités, qu'elles soient socio-économiques, culturelles, ethniques ou sexuelles. De plus, la relation que cherchent à établir les leaders populistes avec la population à laquelle ils s'adressent consiste à parler en son nom mais sans nécessairement la consulter pour en connaître les volontés réelles, ces leaders affirmant savoir ce que veut le peuple.

La notion de populisme est largement mobilisée dans la recherche scientifique – notamment en science politique – à des fins d'analyse. Néanmoins, des acteurs politiques en font également usage. Certains espèrent gagner en légitimité en s'autoproclamant populistes, alors que d'autres tentent de saper la légitimité d'un adversaire politique en le qualifiant comme tel ; le terme populiste devient alors une insulte. Ces différents usages de la notion renforcent le flou terminologique qui l'entoure.

Un des facteurs centraux permettant d'expliquer le développement ou l'émergence de formations politiques dites populistes est la crise de la démocratie représentative. Alors que la confiance des citoyens envers leurs représentants et le fonctionnement démocratique s'étiole, les démocraties représentatives sont aujourd'hui sous tension. Sur cette base, l'appel que les populistes lancent à la population est davantage entendu. Les crises économiques constituent également un terreau favorable au développement du populisme.

Les partis ou mouvements dits populistes sont réputés exercer une influence au sein du processus d'adoption des politiques publiques. Si cette influence est généralement limitée, elle peut s'exercer directement, lorsque ces partis sont au pouvoir, mais aussi indirectement – même lorsqu'un cordon sanitaire a été mis en place –, lorsque ces forces siègent dans l'opposition et/ou agissent de façon extra-parlementaire.

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